Il est 9h, Samuel se met à son ordinateur pour se rendre sur internet comme beaucoup d’autres personnes, à un détail prêt: Samuel est aveugle… et pourtant, pour lui qui souffre de déficience visuelle depuis sa naissance, internet est un incroyable moyen de se rattacher au monde, à condition que son accessibilité soit davantage prise en compte.

UNE JOURNÉE AVEC SAMUEL

COMMENT FAIT-IL POUR NAVIGUER SUR LE WEB ?

Samuel a équipé son ordinateur d’une «plage braille», un dispositif électro-mécanique pour afficher en temps réel des caractères en braille, qu’il peut associer à un système de synthèse vocale. Il utilise l’un, l’autre, ou les deux systèmes simultanément en fonction des circonstances.

   

Image 1 – Plage braille branchée à un ordinateur portable.
Image 2 – Plage braille branchée à un ordinateur.

COMMENT ÇA MARCHE ?

Grâce au lecteur d’écran, un logiciel d’assistance technique qui retranscrit sur sa plage braille ce qui est affiché sur l’écran de son ordinateur.

Le bon fonctionnement d’un lecteur d’écran repose sur des applications correctement construites qui interagissent avec le système d’exploitation via les API d’accessibilité. Il est impératif que les documents soient correctement structurés. Par exemple, pour un document de type texte, les styles ainsi que de véritables listes à puces doivent être utilisés.

La problématique de l’accessibilité du web a été abordée par la Web Accessibility Initiative (WAI) du World Wide Web Consortium (W3C). Elle a produit une série de recommandations, les Web Content Accessibility Guidelines, afin d’aider les développeurs de contenu à produire des sites appropriés.

Les pratiques d’accessibilité cherchent à réduire ou supprimer les obstacles qui empêchent les utilisateurs souffrant d’un handicap d’accéder à des contenus ou d’interagir avec des services. Par exemple, en ajoutant un texte de remplacement aux images, qui permet aux déficients visuels d’accéder à l’information même sans voir l’image.

C’EST LA PAUSE, SAMUEL EN PROFITE POUR SE RENDRE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

UN AVEUGLE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX ?!

Oui, c’est possible, vous dira-t-il ! Cependant, tous les médias sociaux n’utilisent pas la même technologie pour rendre leurs plateformes accessibles aux aveugles.

Twitter fût le premier à parler de la possibilité qui leur est donnée de bénéficier d’une description des images publiées (c’est aux utilisateurs qui postent les photos de rédiger ces commentaires en activant la fonction «Composer des descriptions d’image» dans leurs paramètres).

Du côté de chez Facebook et Instagram, c’est l’intelligence artificielle qui se charge automatiquement de décrire l’image qui est représentée par assistance vocale.

STEVE ET TOMMY, AVEUGLES EUX-AUSSI, SE CONNECTENT À FACEBOOK ET INSTAGRAM

SUR FACEBOOK AVEC STEVE

«Ça peut me prendre un peu plus de temps qu’une personne qui voit son écran et qui sait sur quel bouton appuyer rapidement, mais au moins, je peux moi aussi, être sur Facebook.», dit fièrement Steve Proulx.

Son téléphone intelligent en main, Steve appuie sur le bouton principal pour faire apparaître l’écran. Celui-ci s’affiche en compagnie d’une voix à la Siri lui disant qu’il est bel et bien dans le menu principal. Ensuite, il glisse son doigt vers la gauche pour entendre quels programmes s’offrent à lui: «Téléphone, Mail, Safari, Musique», énumère l’assistance vocale avant d’atteindre «Facebook».

En ouvrant l’application, il entend que c’est l’anniversaire de l’un de ses amis. Le programme de synthèse vocale, inclus dans tous les appareils intelligents, lui lit mot-à-mot les statuts de ses connaissances.

Tout comme bien des utilisateurs, il utilise Facebook pour s’informer:
«Ce que j’aime également, c’est me reconnecter avec des gens dont je n’ai pas eu de nouvelles depuis longtemps.»

Facebook reconnaissant maintenant les images, il lui décrit ce qui apparaît sur les photos (par exemple, une personne ou un animal, et dans quel contexte ils se trouvent).

SUR INSTAGRAM AVEC TOMMY

« Je recadre et même partage régulièrement mes images sur Instagram, commente Tommy. »

Instagram est accessible aux aveugles, via une fonction vocale. Le smartphone «parle» à Tommy lorsqu’il parcourt l’écran avec son doigt: «bouton caméra», puis «prendre une photo».

Une fois sa photo prise, il n’a plus qu’à glisser le doigt vers le bas de l’écran, sur les différents filtres de l’application. Là encore, le smartphone parle à Tommy pour lui dire le nom des filtres différents: «filtre rise», «filtre x pro 2» et bien d’autres.

Le smartphone lui demande de valider son cliché, puis d’y ajouter une légende, et même de partager sa photo sur les réseaux sociaux.

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Tommy Edison est une vraie star aux États-Unis. Véritable addict aux réseaux sociaux, Tommy dispose d’une page Facebook, et d’une chaîne Youtube qui frôle les 2,5 millions de vues et qui est suivie par plus de 13’000 abonnés. Il répond à des questions pratiques sur le quotidien des aveugles.

LES MALVOYANTS ONT UNE REQUÊTE À NOUS ADRESSER

A QUOI ÊTRE ATTENTIF POUR LEUR SIMPLIFIER L’ACCÈS AU CONTENU ?

« J’utilise Twitter et je suis aveugle. Nous sommes beaucoup dans ce cas. Augmentez votre capacité à nous atteindre et aidez-nous à comprendre vos photos, c’est très simple et ça fait une énorme différence pour nous. »

Maintenant que l’on sait qu’un appareil peut être équipé d’une fonction vocale, on peut conclure sans mal que plus un site aura une construction limpide, plus il sera simple pour l’internaute aveugle de s’y retrouver. Car à chaque fois que ce dernier découvre un site, il doit d’abord se familiariser avec son arborescence: comment il est structuré, où se situe le menu, le titre, la photo, etc.

Voici quelques points auxquels il faudrait penser afin de leur simplifier la vie:

  • Les publicités intempestives dans le contenu: elles représentent un frein à chaque navigation.
  • Pensons à «traduire» les images: ne pas le faire, revient à y interdire l’accessibilité aux personnes aveugles.

« Savez-vous que les emoji et la ponctuation dans vos pseudos Twitter sont lus à voix haute par des lecteurs ? Si lire votre pseudo me prend plus de temps que lire votre tweet, je vais forcément scroller. S’il vous plaît, pensez à ça avant d’ajouter plein d’emoji à tout et n’importe quoi », fait remarquer Samuel.

  • Evitons donc les emojis !

Alors, à quand des contenus en ligne prenant davantage en considération les aveugles ?

Note

A l’exception de Samuel, personnage fictif qui vous a accompagné tout le long du récit, les témoignages sont tous issus de personnes réelles.

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SOURCES

Article rédigé par Ariane Wolleb, awbdesign

awbdesign
+33 (0)680 814 572
contact[at]awbdesign.ch

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